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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t3.djvu/388

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CHAPITRE XV.


DES DOTS ET DES AVANTAGES NUPTIAUX
DANS LES DIVERSES CONSTITUTIONS.


Les dots doivent être considérables dans les monarchies, afin que les maris puissent soutenir leur rang et le luxe établi [1]. Elles doivent être médiocres dans les républiques, où le luxe ne doit pas régner [2]. Elles doivent être à peu près nulles dans les États despotiques, où les femmes sont, en quelque façon, esclaves.

La communauté des biens, introduite par les lois françoises entre le mari et la femme, est très-convenable dans le gouvernement monarchique, parce qu’elle intéresse les femmes aux affaires domestiques, et les rappelle, comme malgré elles, au soin de leur maison. Elle l'est moins dans la république, où les femmes ont plus de vertu. Elle seroit absurde dans les États despotiques, où presque toujours les femmes sont elles-mêmes une partie de la propriété du maître.

Comme les femmes, par leur état, sont assez portées au

  1. Inf., XXVII, 1 à la fin. Je répète une observation que j'ai déjà faite. Dans tout ce que Montesquieu dit de la monarchie, c’est-à-dire de la France ; il ne s’occupe que des classes privilégiées. Le peuple n’existe pas pour lui, non plus que pour ses contemporains.
  2. Marseille fut la plus sage des républiques de son temps ; les dots ne pouvoient passer cent écus en argent, et cinq en habits, dit Strabon, liv. IV. (M).