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CHAPITRE XVI.


BELLE COUTUME DES SAMNITES [1].


Les Samnites avoient une coutume qui, dans une petite république, et surtout dans la situation où étoit la leur, devoit produire d’admirables effets. On assembloit tous les jeunes gens, et on les jugeoit. Celui qui étoit déclaré le meilleur de tous, prenoit pour sa femme la fille qu’il vouloit ; celui qui avoit les suffrages après lui choisissoit encore ; et ainsi de suite [2]. Il étoit admirable de ne regarder entre les biens des garçons que les belles qualités, et les services rendus à la patrie [3]. Celui qui étoit le plus riche de ces sortes de biens choisissoit une fille dans toute la nation. L’amour, la beauté, la chasteté, la vertu, la naissance, les richesses même, tout cela étoit, pour ainsi dire, la dot de la vertu. Il seroit diflicile d’imaginer une récompense plus noble, plus grande, moins à charge à un petit État, plus capable d’agir sur l’un et l’autre sexe.

Les Samnites descendoient des Lacédémoniens ; et Platon, dont les institutions ne sont que la perfection des lois de Lycurgue, donna à peu près une pareille loi [4].

  1. L'auteur a pris ici les Sunites, peuple de la Sarmatie, pour les Samnites, peuple d'Italie. Stobée les appelle Sunitœ, (DUPIN.)
  2. Fragm. de Nicolas de Damas, tiré de Stobée, dans le Recueil de Constantin Porphyrogéaète. (M.)
  3. Il n'eût pas été moins admirable de consulter la jeune fille avant de lui donner un époux.
  4. Il leur permet même de se voir plus fréquemment. (M.)
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