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CHAPITRE XIV.


COMMENT LE PLUS PETIT CHANGEMENT
DANS LA CONSTITUTION ENTRAINE LA RUINE
DES PRINCIPES.


Aristote [1] nous parle de la république de Carthage connue d’une république très-bien réglée. Polybe nous dit qu’à la seconde guerre punique [2] il y avoit à Carthage cet inconvénient, que le sénat avoit perdu presque toute son autorité. Tite-Live [3] nous apprend que lorsqu’Annibal retourna à Carthage, il trouva que les magistrats et les principaux citoyens détournoient à leur profit les revenus publics, et abusoient de leur pouvoir. La vertu des magistrats tomba donc avec l’autorité du sénat ; tout coula du même principe.

On connoît les prodiges de la censure chez les Romains. Il y eut un temps où elle devint pesante ; mais on la soutint, parce qu’il y avoit plus de luxe que de corruption. Claudius l’affoiblit ; et par cet affoiblissement, la corruption devint encore plus grande que le luxe ; et la censure [4]

  1. Politique, liv. II, ch. XI.
  2. Environ cent ans après. (M.) Polybe, Hist., liv. VI.
  3. Tite-Live, liv. XXIII, chap. XLVI.
  4. Voyez Dion, liv. XXXVIII ; la vie de Cicéron dans Plutarque ; Cicéron à Alticus, liv. IV, lettres X et XV ; Asconlus sur Cicéron, de divinitione. (M.)