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CHAPITRE XVII.


CONTINUATION DU MÊME SUJET.


Nous avons dit que les États que le monarque despotique conquiert doivent être feudataires. Les historiens s’épuisent en éloges sur la générosité des conquérants qui ont rendu la couronne aux princes qu’ils ayoient vaincus. Les Romains étoient donc bien généreux, qui faisoient partout des rois, pour avoir des instruments de servitude [1]. Une action pareille est un acte nécessaire. Si le conquérant garde l’État conquis, les gouverneurs qu’il enverra ne sauront contenir les sujets, ni lui-même ses gouverneurs. Il sera obligé de dégarnir de troupes son ancien patrimoine pour garantir le nouveau. Tous les malheurs des deux États seront communs ; la guerre civile de l’un sera la guerre civile de l’autre. Que si, au contraire, le conquérant rend le trône au prince légitime, il aura un allié nécessaire qui, avec les forces qui lui seront propres, augmentera les siennes. Nous venons de voir Schah-Nadir conquérir les trésors du Mogol, et lui laisser l’Indoustan[2]


FIN DU TROISIÈME VOLUME.
  1. Tac., Agricola, c. XIV Vetere ac jam pridem recepta populi romani consuetudine, ut haberent instrumenta servitutis et reges. (M.)
  2. Considérations sur la grandeur des Romains, ch. IV, à la fin.