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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t4.djvu/478

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DE L’ESPRIT DES LOIS.

Les Portugais trafiquèrent aux Indes en conquérants. Les lois génantes [1] que les HoIIandois imposent aujourd’hui aux petits princes indiens sur le commerce, les Portugais les avoient établies avant eux.

La fortune de la maison d’Autriche fut prodigieuse. Charles-Quint recueillit la succession de Bourgogne, de Castille et d’Aragon ; il parvint à l’empire ; et, pour lui procurer un nouveau genre de grandeur, l’univers s’étendit, et l'on vit paroître un monde nouveau sous son obéissance.

Christophe Colomb découvrit l’Amérique [2] ; et, quoique l’Espagne n’y envoyât point de forces qu’un petit prince de l’Europe n’eût pu y envoyer tout de même, elle soumît deux grands empires et d’autres grands États.

Pendant que les Espagnols découvroient et conquéroient du côté de l’occident, les Portugais poussoient leurs conquêtes et leurs découvertes du côté de l’orient : ces deux nations se rencontrèrent ; elles eurent recours au pape Alexandre VI, qui fit la célèbre ligne de démarcation, et jugea un grand procès [3].

Mais les autres nations de l’Europe ne les laissèrent pas jouir tranquillement de leur partage : les HoIIandois chassèrent les Portugais de presque toutes les Indes orientales, et diverses nations [4] firent en Amérique des établissements.

Les Espagnols regardèrent d’abord les terres décou-

  1. Voyez la relation de François Pyrard, part. II, C. XV. (M.)
  2. En 1492.
  3. Une bulle d’Alexandre VI partageait le nouveau monde entre les Espagnols et les Portugais, sans égard aux droits des Indiens, ut fides catholica exaltetur, ac barbarœ nationes deprimantur, et ad fidem ipsam reducantur.
  4. Les Anglais, les Français, les Hollandais.