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CHAPITRE XIV.


COMMENT LA DISTRIBUTION DES TROIS POUVOIRS
COMMENÇA À CHANGER
APRÈS L'EXPULSION DES ROIS[1].


Quatre choses choquoient principalement la liberté de Rome. Les patriciens obtenoient seuls tous les emplois sacrés, politiques, civils et militaires ; on avoit attaché au consulat un pouvoir exorbitant ; on faisoit des outrages au peuple ; enfin on ne lui laissoit presque aucune influence dans les suffrages. Ce furent ces quatre abus que le peuple corrigea.

1o  II fit établir qu’il y auroit des magistratures où les plébéiens pourroient prétendre ; et il obtint peu à peu qu’il auroit part à toutes, excepté à celle d’entre-roi[2].

2o  On décomposa le consulat, et on en forma plusieurs magistratures. On créa des préteurs[3], à qui on donna la puissance de juger les affaires privées ; on nomma des questeurs[4] pour faire juger les crimes publics, on établit des édiles, à qui on donna la police ; on fît des trésoriers[5]

  1. En parlant des Romains, Montesquieu suit aveuglément ce que dit Denys d’Halicamasse. Il s’en faut de beaucoup que la science moderne soit d'accord avec ce rhéteur grec. On peut accepter les réflexions générales de Montesquieu, mais non pas la plupart des faits sur lesquels il les appuie.
  2. Interrex.
  3. Tite-Live, décade I, liv. VI. (M.)
  4. Quœstores parricidii ; Pomponius, leg. 2, §.23, ff. de orig. jur. (M.)
  5. [Des questeurs proprement dits.] Plutarque, Vie de Publicola, C.VI.(M.)