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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t4.djvu/62

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CHAPITRE XVIII.


DE LA PUISSANCE DE JUGER DANS LE GOUVERNEMENT
DE ROME.


La puissance déjuger fut donnée au peuple, au sénat, aux magistrats, à de certains juges. Il faut voir comment elle fut distribuée. Je commence par les affaires civiles.

Les consuls [1] jugèrent après les rois, comme les préteurs jugèrent après les consuls. Servius Tullius s’étoit dépouillé du jugement des affaires civiles ; les consuls ne les jugèrent pas non plus, si ce n’est dans des cas très-rares [2] que l’on appela, pour cette raison, extraordinaires [3]. Ils se contentèrent de nommer les juges, et de former les tribunaux qui dévoient juger. Il paroît, par le discours d’Appius Claudius, dans Denys d’Halicarnasse [4], que, dès l’an de Rome 259, ceci étoit regardé comme une coutume établie chez les Romains ; et ce n’est pas la faire remonter bien haut que de la rapporter à Servius Tullius.

  1. On ne peut douter que les consuls, avant la création des préteurs, n'eussent eu les jugements civils. Voyez Tite-Live, décade I, liv. II, C. I ; Denys d'Halicarnasse, liv. X, p. 627 ; et même livre, p. 615 (M.)
  2. Souvent les tribuns jugèrent seuls ; rien ne les rendit plus odieux. Denys d’Halicarnasse, liv. XI, p. 709. (M.)
  3. Judicia extraordinaria. Voyez les Institutes, liv. IV. (M.)
  4. Liv. VI, p. 360. (M.)