Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t5.djvu/166

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CHAPITRE XXIII.


DES FÊTES.


Quand une religion [1] ordonne la cessation du travail, elle doit avoir égard aux besoins des hommes, plus qu’à la grandeur de l'être qu’elle honore.

C’étoit à Athènes [2] un grand inconvénient que le trop grand nombre de fêtes. Chez ce peuple dominateur, devant qui toutes les villes de la Grèce venoient porter leurs différends, on ne pouvoit suffire aux affaires.

Lorsque Constantin établit que l'on chômeroit le dimanche, il fit cette ordonnance pour les villes [3], et non pour les peuples de la campagne : il sentoit que dans les villes étoient les travaux utiles, et dans les campagnes les travaux nécessaires.

Par la même raison, dans les pays qui se maintiennent par le commerce, le nombre des fêtes doit être relatif à ce commerce même. Les pays protestants et les pays catholiques sont situés [4] de manière que l’on a plus besoin de travail dans les premiers que dans les seconds :

  1. A. B. Quand la religion ordonne, etc.
  2. Xénophon, de la République d'Athènes, ch. III, § 8. (M.)
  3. L. 3. Cod. de feriis. Cette loi n'étoit faite sans doute que pour les païens. (M.)
  4. Les catholiques sont plus vers le midi, et les protestants vers le nord. (M.)