CHAPITRE III.
Presque tous les peuples policés habitent dans des maisons. De là est venue naturellement l’idée de bâtir à Dieu une maison où ils puissent l'adorer et l’aller chercher dans leurs craintes ou leurs espérances [1].
En effet, rien n’est plus consolant pour les hommes, qu’un lieu où ils trouvent la divinité plus présente, et où tous ensemble ils font parler leur foiblesse et leur misère [2].
Mais cette idée si naturelle ne vient qu’aux peuples qui cultivent les terres ; et on ne verra pas bâtir de temple chez ceux qui n’ont pas de maisons eux-mêmes.
C’est ce qui fit que Gengiskan marqua un si grand mépris pour les mosquées [3]. Ce prince [4] interrogea les mahométans ; il approuva tous leurs dogmes, excepté celui qui porte la nécessité d’aller à la Mecque ; il ne pouvoit comprendre qu’on ne pût pas adorer Dieu partout. Les Tar-
- ↑ L’Église (Ecclesia) ou l'assemblée est la réunion des fidèles ; il est naturel que ces fidèles aient un lien de réunion. L'autel est consacré à Dieu, le reste du temple est l’abri des croyants.
- ↑ A. B. Leurs foiblesses et leurs misères.
- ↑ Entrant dans la mosquée de Buchara (Bokhara), il enleva l'alcoran, et le jeta sous les pieds de ses chevaux. Hist. des Tartares, part. III, p. 273. (M.)
- ↑ Ibid., p. 342. (M.)