Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t5.djvu/229

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CHAPITRE XIV.


DANS QUELS CAS, DANS LES MARIAGES
ENTRE PARENTS, IL FAUT SE RÉGLER PAR LES LOIS
DE LA NATURE ; DANS QUELS CAS ON DOIT
SE RÉGLER PAR LES LOIS CIVILES.


En fait de prohibition de mariage entre parents, c’est une chose très-délicate de bien poser le point auquel les lois de la nature s’arrêtent, et où les lois civiles commencent. Pour cela il faut établir des principes.

Le mariage du fils avec la mère confond l’état des choses : le fils doit un respect sans bornes à sa mère, la femme doit un respect sans bornes à son mari ; le mariage d’une mère avec son fils renverseroit dans l'un et dans l’autre leur état naturel.

Il y a plus : la nature a avancé dans les femmes le temps où elles peuvent avoir des enfants ; elle l’a reculé dans les hommes [1] ; et, par la même raison, la femme cesse plutôt d’avoir cette faculté, et l’homme plus tard. Si le mariage entre la mère et le fils étoit permis, il arriveroit presque toujours que, lorsque le mari seroit capable d’entrer dans les vues de la nature, la femme n’y seroit plus.

  1. A. B. n y a plus : la nature a avancé dans la femme le temps où elle peut avoir des enfants ; elle l'a recalé dans l’homme, etc.