CHAPITRE XXIII.
Quand la loi politique, qui a établi dans l’État un certain ordre de succession, devient destructrice du corps politique pour lequel elle a été faite, il ne faut pas douter qu’une autre loi politique ne puisse changer cet ordre ; et, bien loin que cette même loi soit opposée à la première, elle y sera dans le fond entièrement conforme, puisqu’elles dépendront toutes deux de ce principe : LE SALUT DU PEUPLE EST LA SUPRÊME LOI.
J’ai dit qu’un grand État [1] devenu accessoire d’un autre, s’affiblissoit, et même affoiblissoit le principal. On sait que l’État a intérêt d’avoir son chef chez lui, que les revenus publics soient bien administrés, que sa monnoie ne sorte point pour enrichir un autre pays [2]. Il est important que celui qui doit gouverner ne soit point imbu de
- ↑ Voyez ci-dessus, liv. V, ch. XIV ; liv. VIII, ch. XVI-XX ; liv. IX, ch. IV-VII, et liv. X, ch. IX et X. (M.).
- ↑ C'est une des erreurs des derniers siècles. Si la monnaie sort d’un pays, c'est pour payer des marchandises qui y entrent ; il y a échange de valeur, et non pas appauvrissement. Si j’achète pour cent mille francs de laines d'Espagne, qui valent en France cent dix mille francs, en quoi ai-je appauvri la France et enrichi l’Espagne en y envoyant cent mille francs écus ?