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CHAPITRE IV.


CONTINUATION DU MÊME SUJET.


César [1] dit que « quand un des princes déclaroit à l’assemblée qu’il avoit formé le projet de quelque expédition, et demandoit qu’on le suivit, ceux qui approuvoient le chef et l’entreprise se levoient, et offroient leur secours. Ils étoient loués par la multitude. Mais s’ils ne remplissoient pas leur engagement, ils perdoient la confiance publique, et on les regardoit comme des déserteurs et des traîtres ».

Ce que dit ici César, et ce que nous avons dit dans le chapitre précédent, après Tacite, est le germe de l’histoire de la première race.

Il ne faut pas être étonné que les rois aient toujours eu à chaque expédition de nouvelles armées à refaire, d’autres troupes à persuader, de nouvelles gens à engager ; qu’il ait fallu, pour acquérir beaucoup, qu’ils répandissent beaucoup ; qu’ils acquissent sans cesse par le partage des terres et des dépouilles, et qu’ils donnassent sans cesse ces terres et ces dépouilles ; que leur domaine grossit continuellement, et qu’il diminuât sans cesse ; qu’un père qui donnoit à un de ses enfants un royaume, y joignit toujours un trésor [2] ; que le trésor du roi fût regardé

  1. De bello Gallico, liv. VI, cap. XXII. (M.)
  2. Voyez la Vie de Dagobert. (M.)