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EXAMEN CRITIQUE.


les entendre dire, qu’il s’en faut bien que le monde intelligent soit « aussi bien » gouverné que le monde physique. Aveugle, qui ne voit pas que Dieu fait ce qu’il veut de ceux mêmes qui ne font pas ce qu’il veut ; et que sa sagesse se manifeste encore davantage dans le gouvernement du monde intelligent que dans le gouvernement du monde physique.

L’auteur, après avoir posé les principes généraux qu’il lui a plu, vient à la division de son ouvrage ; et d’abord il nous avertit que ce n’est point des lois qu’il traite, mais de l’esprit des lois. Les lois, nous le lui avons entendu dire, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. Ici il ajoute que « l’esprit des lois consiste dans les divers rapports que les lois peuvent avoir avec diverses choses » [1]. Cela n’est-il pas bien clair ? L’auteur distingue ensuite trois espèces de gouvernements : « le républicain, le monarchique et le despotique. Le gouvernement républicain est celui où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple a la souveraine puissance. Le monarchique, celui où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies ; au lieu que dans le despotique, un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices. (Livre II, chapitre I.) Il ne faut pas, continue l’auteur, beaucoup de probité pour qu’un gouvernement monarchique, ou un gouvernement despotique, se maintienne ou se soutienne. La force des lois dans l’un, le bras du prince toujours levé dans l’autre, contiennent tout. Mais dans un État populaire il faut un ressort de plus, qui est la vertu. » (Livre III, chapitre I.) La vertu est donc le principe du gouvernement républicain.

  1. Esprit des Lois, livre I, chapitre III.