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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/163

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DE L’ESPRIT DES LOIS.


que la fatalité des athées. Le critique, encore une fois, n’a vu et ne voit que les mots.


II.


Il n’y a donc point de spinosisme dans l'Esprit des Lois. Passons à une autre accusation ; et voyons s’il est vrai que l’auteur ne reconnoisse pas la religion révélée. L’auteur, à la fin du chapitre premier, parlant de l’homme, qui est une intelligence finie, sujette à l’ignorance et à l’erreur, a dit : « Un tel être pouvoit, à tous les instants, oublier son créateur ; Dieu l’a rappelé à lui par les lois de la religion [1]. »

Il a dit au chapitre Ier du livre XXIV : « Je n’examinerai les diverses religions du monde que par rapport au bien que l’on en tire dans l’État civil, soit que je parle de celle qui a sa racine dans le ciel, ou bien de celles qui ont la leur sur la terre. »

« Il ne faudra que très-peu d’équité pour voir que je n’ai jamais prétendu faire céder les intérêts de la religion aux intérêts politiques, mais les unir : or, pour lès unir, il faut les connoître. La religion chrétienne, qui ordonne aux hommes de s’aimer, veut sans doute que chaque peuple ait les meilleures lois politiques et les meilleures lois civiles, parce qu’elles sont, après elle, le plus grand bien que les hommes puissent donner et recevoir. »

Et au chapitre IIe du même livre : « Un prince qui

  1. Il ne faut pas oublier que les citations sont faites sur l’édition de 1749, et que par conséquent elles ne correspondent pas toujours à l’édition de 1758, qui est le texte courant. On retrouvera dans les notes de notre édition le texte primitif, qui est celui que reproduit la Défense de l’Esprit des Lois.