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DÉFENSE


plus conforme à la nature dans certains pays que dans d’autres,

« J’avoue que si ce que les Relations nous disent étoit vrai, qu’à Bantam il y a dix femmes pour un homme, ce seroit un cas bien particulier de la polygamie.

« Dans tout ceci je ne justifie pas les usages, mais j’en rends les raisons. »

Revenons au titre : La polygamie est une affaire de calcul. Oui, elle l’est quand on veut savoir si elle est plus ou moins pernicieuse dans de certains climats, dans de certains pays, dans de certaines circonstances que dans d’autres : elle n’est point une affaire de calcul quand on doit décider si elle est bonne ou mauvaise par elle-même.

Elle n’est point une affaire de calcul quand on raisonne sur sa nature : elle peut être une affaire de calcul, quand on combine ses effets : enfin, elle n’est jamais une affaire de calcul quand on examine le but du mariage ; et elle l’est encore moins quand on examine le mariage comme établi par Jésus-Christ.

J’ajouterai ici que le hasard a très-bien servi l'auteur, Il ne prévoyoit pas sans doute qu’on oublieroit un chapitre formel, pour donner des sens équivoques à un autre : il a le bonheur d’avoir fini cet autre par ces paroles : « Dans tout ceci, je ne justifie point les usages, mais j’en rends les raisons. »

L’auteur vient de dire qu’il ne voyoit pas qu’il pût y avoir des climats où le nombre des femmes pût tellement excéder celui des hommes, ou le nombre des hommes celui des femmes, que cela dût engager à la polygamie dans aucun pays ; et il a ajouté : « Cela veut dire seulement que la pluralité des femmes, et même la pluralité des