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CHAPITRE III.


AUTORITÉ DES MAIRES DU PALAIS.


J’ai dit que Clotaire II s’étoit engagé à ne point ôter à Warnachaire la place de maire pendant sa vie. La révolution eut un autre effet. Avant ce temps, le maire étoit le maire du roi : il devint le maire du royaume ; le roi le choisissoit, la nation le choisit. Protaire, avant la révolution, avoit été fait maire par Théodéric [1], et Landéric par Frédégonde [2] ; mais depuis, la nation fut en possession d’élire [3].

Ainsi il ne faut pas confondre, comme ont fait quelques auteurs, ces maires du palais avec ceux qui avoient cette dignité avant la mort de Brunehault, les maires du roi avec les maires du royaume. On voit, par la loi des Bourguignons, que chez eux la charge de maire n’étoit point une des premières de l’État [4] ; elle ne fut pas non plus une des plus éminentes chez les premiers rois francs [5].

  1. Instigante Brunichilde, Theoderico jubente, etc. Frédégaire, ch. XXVII, sur l'an 605. (M.)
  2. Gesta regum Francorum, ch. XXXVI. (M.)
  3. Voyez Frédégaire, Chronique, ch. LIV, sur l'an 626 ; et son continuateur anonyme, ch. CI, sur l’an 695 ; et ch. CV, sur l'an 715. Aimoin, liv. IV, ch. XV. Eginhard, Vie de Charlemagne, ch. XLVIII. Gesta regum Francorum, ch. XLV. (M.)
  4. Voyez la loi des Bourguignons, in prœfat., et le second supplément de cette loi, tit. XIII. (M.)
  5. Voyez Grégoire de Tours, liv. IX, ch. XXXVI. (M.)