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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/31

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CHAPITRE IV.


QUEL ÉTOIT, A L’ÉGARD DES MAIRES, LE GÉNIE
DE LA NATION.


Un gouvernement, dans lequel une nation qui avoit un roi, élisoit celui qui devoit exercer la puissance royale, paroît bien extraordinaire ; mais, indépendamment des circonstances où l’on se trou voit, je crois que les Francs tiroient à cet égard leurs idées de bien loin.

Us étoient descendus des Germains, dont Tacite dit que, dans le choix de leur roi, ils se déterminoient par sa noblesse [1] ; et dans le choix de leur chef, par sa vertu. Voilà les rois de la première race, et les maires du palais ; les premiers étoient héréditaires, et les seconds étoient électifs [2].

On ne peut douter que ces princes, qui, dans l’assemblée de la nation, se levoient, et se proposoient pour chefs de quelque entreprise à tous ceux qui voudroient les suivre, ne réunissent pour la plupart, dans leur personne, et l’autorité du roi et la puissance du maire. Leur noblesse leur avoit donné la royauté ; et leur vertu, les faisant suivre

  1. Reges ex nobilitate, duces ex virtute sumunt. De morib. Germ., ch. VII. (M.)
  2. Montesquieu reproduit ici une idée du comte de Boulainvilliers, Gouvernement de la France, t. I, p. 28.