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CHAPITRE VI.


SECONDE ÉPOQUE DE L’ABAISSEMENT DES ROIS
DE LA PREMIÈRE RAGE.


Depuis le supplice de Brunehault, les maires avoient été administrateurs du royaume sous les rois ; et, quoiqu’ils eussent la conduite de la guerre, les rois étoient pourtant à la tête des armées, et le maire et la nation combattaient sous eux. Mais la victoire du duc Pépin sur Théodoric [1] et son maire [2], acheva de dégrader les rois [3] ; celle que remporta [4] Charles Martel sur Chilpéric et son maire Rainfroy, confirma cette dégradation. L’Austrasie triompha deux fois de la Neustrie et de la Bourgogne ; et la mairie d’Austrasie étant comme attachée à la famille des Pépins, cette mairie [5] s’éleva sur toutes les autres mairies, et cette maison sur toutes les autres maisons. Les vainqueurs craignirent que quelque homme accrédité ne se saisit de la personne des rois pour exciter des troubles. Ils les tinrent dans une maison royale, comme dans une espèce de prison [6]. Une fois chaque année ils

  1. A. B. contre Théodoric, etc.
  2. Voyez les Annales de Metz sur l'an 687 et 688. (M.)
  3. Illis quidem nomina regum imponens, ipse totius regni habens privilegium, etc. Ibid. sur l'an 695. (M.)
  4. Ibid. sur l'an 719. (M.)
  5. A. B. écrivent toujours mairerie.
  6. Sedemque illi regalem sub sua ditione concessit. Annales de Metz sur l’an 719. (M.)