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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/40

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CHAPITRE VIII.


COMMENT LES ALEUX FURENT CHANGÉS EN FIEFS.


La manière [1] de changer un aleu en fief se trouve dans une formule de Marculfe [2]. On donnoit sa terre au roi ; il la rendoit au donateur en usufruit ou bénéfice, et celui-ci désignoit au roi ses héritiers.

Pour découvrir les raisons que l'on eut de dénaturer ainsi son aleu, il faut que je cherche, comme dans des abîmes, les anciennes prérogatives de cette noblesse qui, depuis onze siècles, est couverte de poussière, de sang et de sueur.

Ceux qui tenoient des fiefs avoient de très-grands avantages. La composition pour les torts qu’on leur faisoit, étoit plus forte que celle des hommes libres. IL parolt par les formules de Marculfe, que c’étoit un privilège du vassal du roi, que celui qui le tueroit paierait six cents sous de composition. Ce privilège étoit établi par la loi salique [3] et par celle des Ripuaires [4] ; et pendant que ces deux lois ordonnoient six cents sous pour la mort du vassal du roi, elles n’en donnoient que deux cents pour la

  1. A. Les manières de changer an aleu en fief se trouvent, etc.
  2. Liv. I, formule XIII. (M.)
  3. Tit. XLIV. Voyez aussi les titres LXVI, § 3 et 4 ; et le titre LXXIV. (M.)
  4. Tit. XI. (M.)