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CHAPITRE XXVI.


CHANGEMENT DANS LES FIEFS.


Il n’arriva pas de moindres changements dans les fiefs que dans les aïeux. On voit par le capitulaire de Compiègne, fait sous le roi Pépin [1], que ceux à qui le roi donnoit un bénéfice, donnoient eux-mêmes une partie de ce bénéfice à divers vassaux ; mais ces parties n’étoient point distinguées du tout. Le roi les ôtoit lorsqu’il ôtoit le tout ; et, à la mort du leude, le vassal perdoit aussi son arrière-fief ; un nouveau bénéficiaire venoit, qui établissoit aussi de nouveaux arrière-vassaux. Ainsi l’arrière-fief ne dépendoit point du fief ; c’étoit la personne qui dépendoit. D’un côté, l’arrière-vassal revenoit au roi, parce qu’il n’étoit pas attaché pour toujours au vassal ; et l’arrière-fief revenoit de même au roi, parce qu’il étoit le fief même, et non pas une dépendance du fief.

Tel étoit l’arrière-vasselage, lorsque les fiefs étoient amovibles ; tel il étoit encore, pendant que les fiefs furent à vie. Cela changea lorsque les fiefs passèrent aux héritiers, et que les arrière-fiefs y passèrent de même. Ce qui relevoit du roi immédiatement, n’en releva plus que médiatement ; et la puissance royale se trouva, pour

  1. De l’an 757, art. 6, édit. de Baluze, p. 181. (M.)