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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/99

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CHAPITRE XXXII.


COMMENT LA COURONNE DE FRANCE
PASSA DANS LA MAISON DE HUGUES CAPET.


L’hérédité des fiefs et. l’établissement général des arrière-fiefs éteignirent le gouvernement politique, et formèrent le gouvernement féodal. Au lieu de cette multitude innombrable de vassaux que les rois avoient eus, ils n’en eurent plus que quelques-uns, dont les autres dépendirent. Les rois n’eurent presque plus d’autorité directe : un pouvoir qui devoit passer par tant d’autres pouvoirs, et par de si grands pouvoirs, s’arrêta ou se perdit avant d’arriver à son terme. De si grands vassaux n’obéirent plus ; et ils se servirent même de leurs arrière-vassaux pour ne plus obéir. Les rois, privés de leurs domaines, réduits aux villes de Reims et de Laon, restèrent à leur merci. L’arbre étendit trop loin ses branches, et la tête se sécha. Le royaume se trouva sans domaine, comme est aujourd’hui l’Empire [1]. On donna la couronne à un des plus puissants vassaux.

Les Normands ravageoient le royaume ; ils venoient sur des espèces de radeaux ou de petits bâtiments, entroient par l’embouchure des rivières, les remontaient, et dévastoient le pays des deux côtés. Les villes d’Orléans

  1. L’Empire d’Allemagne.