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DISCOURS


ACADÉMIQUES



DISCOURS

DE RÉCEPTION


À L’ACADÉMIE DES SCIENCES DE BORDEAUX


PRONONCÉ LE PREMIER MAI 1716.




Les sages de l’antiquité recevaient leurs disciples sans examen et sans choix : ils croyaient que la sagesse devait être commune à tous les hommes, comme la raison, et que, pour être philosophe, c’était assez d’avoir du goût pour la philosophie.

Je me trouve parmi vous, messieurs, moi qui n’ai rien qui puisse m’en approcher que quelque attachement pour l’étude, et quelque goût pour les belles-lettres. S’il suffisait, pour obtenir cette faveur, d’en connaître parfaitement le prix, et d’avoir pour vous de l’estime et de l’admiration, je pourrais me flatter d’en être digne, et je me comparerais à ce Troyen qui mérita la protection d’une déesse, seulement parce qu’il la trouva belle.

Oui, messieurs, je regarde votre académie comme l’ornement de nos provinces ; je regarde son établissement