Il me semble que la nature a travaillé pour des ingrats. Nous sommes heureux[1]…
Quand nous parlons du bonheur ou du malheur, nous nous trompons toujours, parce que nous jugeons des conditions et non pas des personnes.
Qui sont les gens heureux ? Les dieux le savent, car ils voient le cœur des philosophes, celui des rois et celui des bergers[2].
Un flatteur est un esclave qui n’est bon pour aucun maître[3].
Quand on a appelé d’un juge à un autre, et que celui-ci a prononcé, c’est un grand abus de permettre de recourir à un troisième, parce que l’esprit de l’homme est fait de manière qu’il n’aime pas à suivre les idées des autres, qu’il se porte naturellement à réformer ce qui a été fait par ceux à qui il croit des lumières inférieures. Multipliez les degrés des tribunaux, vous les verrez moins occupés à rendre la justice aux citoyens qu’à se corriger les uns les autres[4].
- ↑ Ici Montesquieu énumère un grand nombre de plaisirs simples, comme celui que donne le spectacle de la nature, propres à faire éprouver de douces sensations. C’est le bonheur dont il jouissait à la Brède. (Labat.)
- ↑ Ces deux derniers paragraphes ont été communiqués à M. Vian, par le docteur de Saint-Germain.
- ↑ Bibliographie universelle, t. XXIX, p. 520.
- ↑ Tiré d’un travail inédit : Sur la manière d’étudier la jurisprudence, qui est à la Brède. Labat, l. c., p. 184.