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DISCOURS

SUR LA CAUSE DE L’ÉCHO

PRONONCÉ LE PREMIER MAI 1718
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Le jour de la naissance d’Auguste il naquit un laurier dans le palais, des branches duquel on couronnoit ceux qui avoient mérité l’honneur du triomphe.

Il est né, messieurs, des lauriers avec cette académie, et elle s’en sert pour faire des couronnes aux savants qui ont triomphé des savants. Il n’est point de climat si reculé d’où l’on ne brigue ses suffrages : dépositaire de la réputation, dispensatrice de la gloire, elle trouve du plaisir à consoler les philosophes de leurs veilles, et à les venger, pour ainsi dire, de l’injustice de leur siècle et de la jalousie des petits esprits.

Les dieux de la fable dispensoient différemment leurs faveurs aux mortels : ils accordoient aux âmes vulgaires une longue vie, des plaisirs, des richesses ; les pluies et les rosées étoient les récompenses des enfants de la terre : mais aux âmes plus grandes et plus belles ils réservoient la gloire, comme le seul présent digne d’elles.

C’est pour cette gloire que tant de beaux génies ont travaillé, et c’est pour vaincre, et vaincre par l’esprit,