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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/331

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LETTRES FAMILIÈRES.


qualités, qu’il est nécessaire que vous l’aimiez, et je vous dis la raison qui fait qu’il est nécessaire qu’on vous aime.

Adieu, mon cher chevalier ; je vous aimerai et vous respecterai jusqu’à la fin de mes jours.


Bordeaux, ce 27 janvier 1749.


_______


LETTRE LXX [1].



A M. HELVÉTIUS, FERMIER GÉNÉRAL,


RUE SAINTE-ANNE, A PARIS.


Mon cher, l’affaire s’est faite, sans que votre nom ait été prononcé, et de la meilleure grâce du monde. Je crains que vous n’ayez eu quelque peine là-dessus, et je ne voudrois donner aucune peine à mon cher Helvétius, mais je suis bien aise de vous remercier des marques de votre amitié. Je vous déclare de plus que je ne vous ferai plus de compliments, et, au lieu de compliments qui cachent ordinairement les sentiments qui ne sont pas, mes sentiments cacheront tous mes compliments. Faites mes compliments, non compliments, à notre ami Saurin. J’ai usurpé sur lui, je ne sais comment, le titre d’ami, et me suis venu fourrer en tiers ; si vous autres me chassez, je reviendrai : tamen usque recurret [2].

A l’égard de ce qu’on peut reprocher, il en est comme

  1. L’original est dans la collection de M. Chaper, ancien député, donne par M. le comte d’Hespel.
  2. HORAT., I, Epist., X, V. 24.