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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/350

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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE LXXXIII.


A L’ABBÉ COMTE DE GUASCO.


A LONDRES.


J’avois déjà appris par milord Albermale [1], mon cher Comte, que vous ne vous étiez point noyé en traversant de Calais à Douvres, et la bonne réception qu’on vous a faite à Londres. Vous serez toujours plus content de vos liaisons avec le duc de Richemont [2], milord Chesterfield et milord Grandville. Je suis sûr que, de leur côté, ils chercheront de vous avoir le plus qu’ils pourront. Parlez-leur beaucoup de moi ; mais je n’exige point que vous tostiez si souvent, quand vous dînerez chez le duc de Richemont [3]. Dites à milord Chesterfield que rien ne me flatte tant que son approbation ; mais que, puisqu’il me lit pour la troisième fois, il ne sera que plus en état de me dire ce qu’il y a à corriger et à rectifier dans mon ouvrage. Rien ne m’instruiroit mieux que ses observations et sa critique.

Vous devez être bien glorieux d’avoir été lu par le Roi, et qu’il ait approuvé ce que vous avez dit sur l’Angleterre ; moi je ne suis pas sûr de si hauts suffrages, et les rois seront peut-être les derniers qui me liront ; peut-être même ne me liront-ils point du tout. Je sais cependant qu’il en

  1. Milord Albermate étoit alors ambassadeur du roi d’Angleterre à la cour de France.
  2. Richemond.
  3. On appelle toste, en Angleterre, les santés des personnes absentes, que l’on se porte réciproquement, et que l'on ne peut refuser sans impolitesse. (Note de l’édition de Paris, 1767.)