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LETTRES FAMILIÈRES.




LETTRE CVII [1].


A LA MÊME.


Vous vous moquez de moi, ce n’est pas le premier président que je crains, c’est le président [2] ; ce n’est pas celui qui croit dire tout ce que vous voulez, c’est celui qui dit tout ce qu’il veut. J’aime bien ce que vous dites, que vous n’avez suivi vos compagnes que pour tuer le temps, et que vous n’avez jamais tant trouvé qu’il mérite de l’être. Eh bien ! soit, tuons-le ; mais je le connois, il reviendra nous faire enrager. Je suis enchanté que vous ayez fait mon apologie [3] ; vous me couvrirez de votre égide, et ce qui sera singulier, les Grâces y seront peintes. Je vous demande en grâce de me l’envoyer par le premier courrier, avec une lettre de vous, s’il se peut.

Le chevalier d’Aydies m’a mandé qu’il avoit gagné son procès. Le père bénédictin dont je savois si bien le nom, et que j’ai oublié [4], n’avoit donc évité des coups de pied dans le ventre que pour tomber dans l’infamie de perdre un procès avec lequel il tuoit le temps et le chevalier. Je vous prie. Madame, de vouloir bien parler de moi ; c’est au chevalier. Je vous prie de parler aussi de moi à Madame du Châtel. Je lui sais bon gré de vous avoir inspiré de me communiquer le secret. Mais pourquoi dis-je que je lui sais bon gré de cela ? Je lui sais bon gré de tout. L’abbé

  1. Tiré de la Correspondance inédite de Mme du Deffand : t. I. p. 22.
  2. Le président Hénault.
  3. Son portrait, sans doute, suivant la mode du temps.
  4. Le père Palène.