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LETTRES FAMILIÈRES.


entretien avec M. Roux, médecin très-estimable, qui m’a donné en communication un mémoire sur les dangers de la petite vérole. Cet homme mérite secours et protection. Je lui ai conseillé de quitter la province, où rarement on apprécie le vrai mérite ; et je lui ai promis des lettres de recommandation pour quelques amis de Paris. Rapprochez-vous de cet homme, il est de la bonne espèce, et mérite d’être connu.

J’ai lu votre dissertation sur l'Esprit. Personne mieux que vous ne peut traiter cette matière. C’est un meurtre que d’enfouir les jolies choses que vous faites. Il y a longtemps que je vous le dis, et cela ne vous corrige pas. Vous êtes toujours le même, et je ne compte plus de vous punir de votre modestie. C’est une maladie incurable, qui prive malheureusement le public de vos bonnes productions.

On dit qu’il circule à Bordeaux un petit ouvrage dirigé contre l’Intendant [1]. Tâchez de vous le procurer, et faites-le-moi passer. Il faut lire ces sortes d’écrits et les brûler.

Les braconniers chassent sur nos terres. Ces vagabonds sont sans respect pour les propriétés. Il font cent fois plus de mal à nos moissons que les renards et les blaireaux. On sera obligé de tendre des pièges pour diminuer l’espèce de ces animaux bipèdes.

[8 mars 1752.]

  1. M. de Tourny. Voir la lettre du 8 août 1752.
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