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LETTRES FAMILIÈRES.


Enfin, je jouis de mes prés, pour lesquels vous m’avez tant tourmenté : vos prophéties sont vérifiées ; le succès est beaucoup au-delà de mon attente ; et l’Éveillé dit : « boudri bien que M. l’abbé de Guasco bis aco ».

J’ai vu la comtesse ; elle a fait un mariage déplorable, et je la plains beaucoup. La grande envie d’avoir de l’argent fait qu’on n’en a point. Le chevalier Citran a aussi fait un grand mariage, dans le même goût, aux îles [1], qui lui a porté en dot sept barriques de sucre une fois payées. Il est vrai qu’il a fait un voyage aux îles, et qu’il a pensé apparemment à vous. Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.


De la Brède, 16 mars 1752.


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LETTRE CXVIII [2].


A M. RESCON MÉDECIN [3].


J’écris, Monsieur, à M. le président Barbot de vous proposer, et lui envoie l’article de votre lettre sur les

  1. Il arrive souvent à Bordeaux que des gentilshommes cherchent : épouser des filles des habitants de l’Amérique dans l’espérance d’en avoir beaucoup de biens ; M. de Montesquieu désapprouvoit ces sortes de mariages, faits pour de l’argent, qu’il disoit abâtardir les sentiments de la noblesse, et sur lesquels on était souvent trompé, parce que les fortunes prétendues des îles se réalisoient rarement. (GUASCO.)
  2. Public pour la première fois dans le Nouveau Manuel épistolaire, imprime à Caen en 1785, chez S. Le Roi, imprimeur du Roi.
  3. Il demandait à Montesquieu de le proposer pour remplir une place à l’Académie de Bordeaux.