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DISCOURS
SUR

LA CAUSE DE LA PESANTEUR DES CORPS


PRONONCÉ LE 1er MAI 1720


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C’a été de tout temps le destin des gens de lettres de crier contre l’injustice de leur siècle. Il faut entendre un courtisan d’Auguste sur le peu de cas que l’on avoit toujours fait de ceux qui par leurs talents avoient mérité la faveur publique. Il faut entendre les plaintes d’un courtisan de Néron ; il ose dire que la corruption est passée jusqu’à ses dieux : le goût est si dépravé, ajoute-t-il, qu’une masse d’or paroît plus belle que tout ce qu’Apelle et Phidias, ces petits insensés de Grecs, ont jamais fait.

Vous n’avez point, messieurs, de pareils reproches à faire à votre siècle : à peine eûtes-vous formé le dessein de votre établissement, que vous trouvâtes un protecteur illustre[1] capable de le soutenir. Il ne négligea rien de ce qui pouvoit animer votre zèle ; et si vous étiez moins reconnoissants, il vous feroit oublier ses premiers bienfaits par la

  1. Le duc de La Force.