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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/453

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LETTRES FAMILIÈRES.


illustres, et qui pensent très-différemment sur la même question, parlent l’un et l’autre d’une manière si noble, si désintéressée, et d’eux-mêmes d’une manière si modeste, que je ne saurois assez admirer leur candeur, et que j’aurois été tenté de les faire imprimer, s’ils m’en avoient donné la permission, et si quelques paroles flatteuses qui y sont, me l’avoient permis. Ils ne m’écrivent point pour juger leur différend, comme on vous l’a dit, et si j’étois juge, je déciderois comme celui qui jugea le combat des deux bergers de Virgile [1].

A l’égard de ma médaille[2], Monsieur, je n’en ai point actuellement, mais je la chercherai pour répondre à l’honneur que vous voulez bien faire à l’original et à la copie.

Je vous félicite. Monsieur, du plaisir que vous avez eu dans cette maison [3], et de cette compagnie adorable, qui fait, quand je suis à Paris, le bonheur de ma vie, et tout le contraire quand j’en suis absent.

J’ai, Monsieur, l’honneur d’être avec des sentiments remplis de la plus parfaite estime.

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,


MONTESQUIEU.


A la Brède, ce 13 septembre 1754.
  1. Vir., Ecl. III, V. 108 :

    Non nostrum inter vos tantas componere lites ;
    Et vitula tu dignus, et hic.

  2. La médaille gravée par Dassier.
  3. Chez Madame Du Deffand.
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