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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/461

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LETTRES FAMILIÈRES.


si bien notre langue ; et j’ai encore des remerciements à vous faire sur mon apologie que vous faites, vous qui m’entendez si bien, contre des gens qui m’ont si mal entendu, qu’on pourroit gager qu’ils ne m’ont pas seulement lu. D’ailleurs, je dois me féliciter de ce que quelques endroits de mon livre vous ont fourni une occasion de faire l’éloge de la grande reine [1]. J’ai, Monsieur, l’honneur d’être, avec des sentiments remplis de respect et de considération, etc.

De la Brède, le 5 décembre 1754.


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LETTRE CLII.


A L’ABBÉ COMTE DE GUASCO


Je suis bien étonné, mon cher ami, du procédé de la Geoffrin ; je ne m’attendois pas à ce trait malhonnête de sa part contre un ami que j’estime, que je chéris, et dont elle me doit la connoissance. Je me reproche de ne vous avoir pas prévenu de ne plus aller chez elle. Où est l’hospitalité ? Où est la morale ? Quels sont les gens de lettres qui seront en sûreté dans cette maison, si l’on y dépend ainsi d’un caprice ? Elle n’a rien à vous reprocher, j’en suis sûr ; ce qu’elle a dit de vous ne sont que des sottises [2] qu’il ne vaut

  1. La Reine de Hongrie, l’Impératrice Marie-Thérèse.
  2. Comme cette tracasserie courut tout Paris, dans le temps, il ne sera pas indifférent d’en dire quelque chose. Les raisons que madame Geoffrin disoit avoir pour rompre avec cet étranger, qui avoit été de sa société, étoient : 1° que lui ayant donné une commission d’un service de faïence, pendant qu’il étoit en Angleterre, il le lui avoit fait rembourser en trois