Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/497

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
479
A PAPHOS.


n’est pas bon, et, pour le prouver, j’en vais faire la critique.

Ce poëte, reprit la Déesse, mérite les supplices les plus cruels, pour s’être déclaré contre un auteur qui me doit plus qu’aux Muses. Qu’on inspire à son Ombre la même façon de penser que les gens de goût, et, pour son tourment, on lui récitera chaque jour une page de ses vers.

Quel supplice vais-je donner à ce guerrier des rives de la Seine, qui a toujours mis sa gloire à chanter des chansons contre l’Amour ? L’Enfer n’en connait point d’assez rudes pour venger mon fils. J’en invente un nouveau, interrompit Mercure ; qu’on lui fasse entendre deux fois par jour un concert d’Italie [1].

Mais j’oublie, ajouta-t-il, un disciple de Thémis, qui n’a jamais aimé que la parure. Ah ! s’écria Vénus, c’est un mal qui gagne tous les environs de la France, il est trop funeste à mon empire, j’en dois arrêter le cours. Et quelle Belle voudrait aimer, si tous les hommes pensaient comme ce fade magistrat ? Qu’on le frise tous les quarts d’heure du jour ; et dès qu’il paraîtra content de son ajustement, on le fera promener au grand vent. Le supplice est cruel, mais l’offense est trop forte.

Vénus se lève, et Mercure porte aux Enfers les arrêts de la Déesse ; mais ce Dieu a plusieurs emplois à Paphos, et je le revis bientôt sous un air plus riant.

Dès que les Grâces revinrent, Vénus reprit le maintien de la Reine des plaisirs, et les Nymphes eurent ordre de se préparer pour la chasse.

La beauté la plus parfaite, l’entretien le plus aimable, pour ne pas cesser de plaire, ont besoin de secours. La mère des Jeux et des Ris recherche l’amusement que

  1. Ce paragraphe manque dans A.