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SUR L'HISTOIRE NATURELLE.

bout d’une branche garnie de rameaux de gui il y a des branches de l’arbre avec les feuilles ; ce qui fait voir qu’il y a encore des fibres qui contiennent un suc bien conditionné. Nous avons quelquefois remarqué que la branche étoit presque sèche dans l’endroit où étoit le gui, et qu’elle étoit très-verte dans le bout où étoient des branches de l’arbre ; nouvelle preuve que le suc de l’une étoit vicié, et non pas celui de l’autre. Ainsi nous regardons ce gui qui paroît aux yeux si vert et si sain, comme une production et une branche malade formée par des sucs de mauvaise qualité, et non pas comme une plante venue de graines, comme le soutiennent nos modernes. Et nous remarquerons, en passant, que de toutes les branches que nous en avons vues, nous n’en avons pas trouvé une seule sur les gommes et autres matières résineuses des arbres, sur lesquelles l’on dit que les graines s’attachent ; on les trouve presque toujours sur les arbres vieux et languissants, dans lesquels les sucs perdent toujours.

Les liqueurs se corrompent dans les végétaux, ou par le défaut des fibres ligneuses dans lesquelles elles circulent, ou bien les fibres ligneuses se corrompent par la mauvaise qualité des liqueurs. Ces liqueurs, une fois corrompues, deviennent facilement visqueuses ; il suffit pour cela qu’elles perdent cette volatilité que la chaleur du soleil, qui les fait monter, doit leur avoir donnée. On dira peut-être que ce suc qui entre dans la formation du gui devroit avoir produit des branches plus approchantes des naturelles que celles du gui ne le sont ; mais si l’on suppose un vice dans le suc, si on fait attention aux phénomènes miraculeux des entes[1], on n’aura pas de peine

  1. Ou greffes.