Page:Montesquieu - Considérations, éd. Barckhausen, 1900.djvu/15

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d’un secrétaire, et d’un secrétaire des plus ignorants, auquel Montesquieu a dicté les Remarques.

Elles sont, d’ailleurs, presque toutes relatives à l’Esprit des Lois. Une seule a pour objet l’examen d’un passage des Considérations. On la trouvera imprimée à la fin de ce volume, dans les Notes et Variantes, aux pages 243 et 244.

Des renseignements d’une tout autre importance nous sont fournis par les trois registres que Montesquieu désignait sous le titre de Mes Pensées.

Ils nous apprennent que le Président enchâssa dans ses Romains des réflexions qu’il avait faites et formulées bien avant de travailler à ce livre ; qu’en revanche il en retrancha des fragments nombreux qu’il y avait destinés tout d’abord ; et qu’il sacrifia même, à l’occasion, plus d’un morceau achevé pour n’en conserver qu’une ou deux lignes, en artiste qui sait subordonner les détails à l’ensemble de son œuvre.

C’est aussi dans les Pensées (manuscrites), au IIe tome, qu’on rencontre, outre une liste de changements à faire aux Considérations[1], l’épigraphe que l’auteur choisit en dernier lieu pour cet ouvrage[2], et qu’il eut bien tort de ne point imprimer en tête du volume, dont elle révèle si nettement l’idée-mère, comme nous le montrerons plus loin.

Nous devons signaler enfin les notes et les mémoires qui se réfèrent aux pérégrinations de Montesquieu hors de France. Ils ont été récemment publiés sous le titre général de Voyages[3]. Grâce à eux, on peut découvrir l’origine d’un certain nombre de remarques que l’on trouve dans la Grandeur des Romains, et que l’on est presque étonné d’y voir. Tels sont les passages sur les destinées éventuelles de Berne, sur la misère des Lazzaroni et sur les mines du Hartz[4]. En les rédigeant, l’auteur ne faisait que se souvenir d’incidents qui l’avaient frappé pendant son séjour en Italie et en Allemagne[5].

III

S’il est très probable que les Lettres persanes furent publiées d’abord en Hollande[6], le fait ne saurait être douteux pour les Considérations sur la Grandeur des

  1. Pensées, tome II, folio 235.
  2. Pensées, tome II, folio 230 v°.
  3. Voyages de Montesquieu, publiés par M. le baron Albert de Montesquieu (Bordeaux, G. Gounouilhou, 1894-1895).
  4. Considérations…, chapitres ix, xiv et xvii.
  5. Voyages de Montesquieu, tome Ier, page 187, et tome II, pages 20 et 215, etc.
  6. Voyez l’Avant-Propos de notre édition des Lettres persanes, pages v, x et xiii.