Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/24

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image riante, sans être indécente ; &, pour cela, il est un petit-maître ! On riroit de l’idée ridicule de ce professeur, s’il n’avoit excité l’indignation par les injures grossieres dont il a chargé son adversaire.

M. de Montesquieu est un homme vain ! L’auteur de l’Esprit des loix étoit-il donc un homme vain, pour avoir écrit cette phrase à la fin de sa préface ? « Quand j’ai vu ce que tant de grands hommes, en France, en Angleterre & en Allemagne, ont écrit avant moi, j’ai été dans l’admiration, mais je n’ai point perdu le courage. Et moi aussi je suis peintre, ai-je dit avec le Correge. » Un auteur ne peut donc, sans vanité, croire que ses ouvrages ne sont pas sans mérite ? Mais tous ceux qui ont publié leurs écrits, sans en excepter les plus grands saints, sont donc coupables de vanité : car, qui a jamais donné ses productions au public, sans croire qu’elles avoient au moins un degré de bonté ? Si M. Crévier n’avoit pas eu cette vanité, il ne se seroit pas érigé en censeur d’un ouvrage que tous les grands hommes ont admiré & admirent.

C’est encore, suivant M. Crévier, un trait de vanité dans M. de Montesquieu, d’avoir dit qu’il finissoit le traité des fiefs où la plupart des auteurs l’ont commencé. Mais M. de Montesquieu a dit une vérité : pour M. Crévier, il a prouvé son ignorance. La plupart des auteurs qui ont écrit sur les fiefs, n’ont