Les bonnes républiques Grecques avoient, à cet égard, des institutions admirables. Les riches employoient leur argent en fêtes, en chœurs de musique, en chariots, en chevaux pour la course, en magistrature onéreuse. Les richesses y étoient aussi à charge que la pauvreté.
CHAPITRE IV.
Des loix somptuaires, dans les monarchies.
LES Suions, nation Germanique, rendent honneur aux richesses, dit Tacite[1] ; ce qui fait qu’ils vivent, sous le gouvernement d’un seul." Cela signifie bien que le luxe est singuliérement propre aux monarchies, & qu’il n’y faut point de loix somptuaires.
Comme, par la constitution des monarchies, les richesses y sont inégalement partagées, il faut bien qu’il y ait du luxe. Si les riches n’y dépensent pas beaucoup, les pauvres mourront de faim. Il faut même que les riches y dépensent à proportion de l’inégalité des fortunes, & que, comme nous avons dit, le luxe y augmente dans cette proportion. Les richesses particulieres n’ont augmenté que parce qu’elles ont ôté à une partie des citoyens le nécessaire physique : il faut donc qu’il leur soit rendu.
Ainsi, pour que l’état monarchique se soutienne, le luxe doit aller en croissant, du laboureur à l’artisan, au négociant, aux nobles, aux magistrats, aux grands seigneurs, aux traitans principaux, aux princes ; sans quoi, tout seroit perdu.
Dans le sénat de Rome, composé de graves magistrats, de jurisconsultes, & d’hommes pleins de l’idée des premiers temps, on proposa, sous Auguste, la correction des mœurs & du luxe des femmes. Il est cur-
- ↑ De morib German.