nous dit qu’à la seconde guerre punique[1] il y avoit à Carthage cet inconvénient, que le sénat avoit perdu presque toute son autorité. Tite Live nous apprend que, lorsque Annibal retourna à Carthage, il trouva que les magistrats & les principaux citoyens detournoient, à leur profit, les revenus publics, & abusoient de leur pouvoir. La vertu des magistrats tomba donc avec l’autorité du sénat ; tout coula du même principe.
On connoît les prodiges de la censure chez les Romains. Il y eut un temps où elle devint pesante : mais on la soutint, parce qu’il y avoit plus de luxe que de corruption. Claudius l’affoiblit : & par cet affoiblissement, la corruption devint encore plus grande que le luxe ; & la censure[2] s’abolit, pour ainsi dire, d’elle-même. Troublée, demandée, reprise, quittée, elle fut entiérement interrompue jusqu’au temps où elle devint inutile, je veux dire les regnes d’Auguste & de Claude.
CHAPITRE XV.
Moyens très-efficaces pour la conservation des trois principes.
JE ne pourrai me faire entendre que lorsqu’on aura lu les quatre chapitres suivans.