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résolutions supplée à la distance des lieux où elles sont envoyées ; que la crainte empêche la négligence du gouverneur ou du magistrat éloigné ; que la loi soit dans une seule tête ; & qu’elle change sans cesse, comme les accidens, qui se multiplient toujours dans l’état à proportion de sa grandeur.


CHAPITRE XX.

Conséquence des chapitres précédens.


QUE si la propriété naturelle des petits états est d’étre gouvernés en république, celle des médiocres d’être soumis à un monarque, celle des grands empires d’être dominés par un despote ; il suit que, pour conserver les principes du gouvernement établi, il faut maintenir l’état dans la grandeur qu’il avoit déja ; & que cet état changera d’esprit, à mesure qu’on rétrécira, ou qu’on étendra les limites.


CHAPITRE XXI.

De l’empire de la Chine.


AVANT de finir ce livre, je répondrai à une objection qu’on peut faire sur tout ce que j’ai dit jusqu’ici.

Nos missionnaires nous parlent du vaste empire de la Chine, comme d’un gouvernement admirable, qui mêle ensemble, dans son principe, la crainte, l’honneur & la vertu. J’ai donc posé une distinction vaine, lorsque j’ai établi les principes des trois gouvernemens.

J’ignore ce que c’est que cet honneur dont on parle, chez des peuples à qui on ne sait rien faire qu’à coups de baton[1].

  1. C’est le bâton qui gouverne la Chine, dit le P. du Halde.