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CHAPITRE IX.

Maniere de penser d’Aristote.


L’EMBARRAS d’Aristote paroît visiblement, quand il traite de la monarchie[1]. Il en établit cinq especes : il ne les distingue pas par la forme de la constitution, mais par des choses d’accident, comme les vertus ou les vices du prince ; ou par des choses étrangeres, comme l’usurpation de la tyrannie, ou la succession à la tyrannie.

Aristote met au rang des monarchies, & l’empire des Perses & le royaume de Lacédémone. Mais qui ne voit que l’un étoit un état despotique, & l’autre une république ?

Les anciens, qui ne connoissoient pas la distribution des trois pouvoirs dans le gouvernement d’un seul, ne pouvoient se faire une idée juste de la monarchie.


CHAPITRE X.

Maniere de penser des autres politiques.


P OUR tempérer le gouvernement d’un seul, Arribas[2], roi d’Epire, n’imagina qu’une république. Les Molosses, ne sçachant comment borner le même pouvoir, firent deux rois[3] : par-là on affoiblissoit l’état plus que le commandement ; on vouloit des rivaux, & on avoit des ennemis.

  1. Politiq. liv. III, chap. XIV
  2. Voyez Justin, liv. XVII.
  3. Aristote, polit. liv. V, chap. IX.