Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE XIV.

Des loix, dans la rapport qu’elles ont avec la nature du climat.


CHAPITRE PREMIER.

Idée générale.


S’IL est vrai que le caractere de l’esprit & les passions du cœur soient extrêmement différentes dans les divers climats, les loix doivent être relatives & à la différence de ces passions, & à la différence de ces caracteres.


CHAPITRE II.

Combien les hommes sont différens dans les divers climats.


L’AIR froid[1] resserre les extrémités des fibres extérieures de notre corps ; cela augmente leur ressort, & favorise le retour du sang des extrémités vers le cœur. Il diminue la longueur[2] de ces mêmes fibres ; il augmente donc encore par-là leur force. L’air chaud, au contraire, relâche les extrémités des fibres, & les allonge ; il diminue donc leur force & leur ressort.

On a donc plus de vigueur dans les climats froids.


  1. Cela paroît même à la vue : dans le froid, on paroît plus maigre.
  2. On sçait qu’il raccourcit le fer.