des loix pour empêcher tout commerce avec les barbares. "Que personne, disent Valens & Gratien[1], n’envoie du vin, de l’huile ou d’autres liqueurs aux barbares, même pour en goûter. Qu’on ne leur porte point de l’or, ajoutent Gratien, Valentinien & Théodose[2] ; & que même ce qu’ils en ont, on le leur ôte avec finesse." Le transport du fer fut défendu sous peine de la vie[3].
Domitien, prince timide, fit arracher les vignes dans la Gaule[4] ; de crainte, sans doute, que cette liqueur n’y attirât les barbares, comme elle les avoit autrefois attirés en Italie. Probus & Julien, qui ne les redouterent jamais, en rétablirent la plantation.
Je sçais bien que, dans la foiblesse de l’empire, les barbares obligerent les Romains d’établir des étapes[5], & de commercer avec eux. Mais cela même prouve que l’esprit des Romains étoit de ne pas commercer.
CHAPITRE XVI.
Du commerce des Romains avec l’Arabie & les Indes.
LE négoce de l’Arabie-heureuse & celui des Indes furent les deux branches, & presque les seules, du commerce extérieur. Les Arabes avoient de grandes richesses : ils les tiroient de leurs mers & de leurs forêts ; &, comme ils achetoient peu, & vendoient beaucoup, ils attiroient[6] à eux l’or & l’argent de leurs
- ↑ Leg. ad Barbaricum, cod. quæe res exportari non debeant.
- ↑ Leg. 2, cod. de commerc. & mercator.
- ↑ Leg. 2, quæe res exportari non debeant.
- ↑ Procope, guerre des Perses, liv. I.
- ↑ Voyez les considérations sur les causes de la grandeur des Romains, & de leur décadence.
- ↑ Pline, liv. VII, chap. XXVIII ; & Strabon, liv. XVI.