Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/70

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publics de Londres, un article en son honneur, article digne de l’un & de l’autre ; c’est le portrait d’Anaxagore, tracé par Périclès[1]. L’académie royale des sciences & des belles-lettres de Prusse, quoiqu’on n’y soit point dans l’usage de prononcer l’éloge des associés étrangers, a cru devoir lui faire cet honneur, qu’elle n’a fait encore qu’à l’illustre Jean Bernoulli. M. de Mau-

  1. Voici cet éloge en Anglois, tel qu’on le lit dans la gazette appellée evening poste, ou poste du soir :
    On the 10th of this month, died at Paris, universally and sincerely regretted, Charles Secondat, baron of Montesquieu, and president a mortier of the parliament of Bourdeaux. His virtues did honnour to human nature, his writings justice. A friend to kind, he asserted their undoubted and inalienable rights with freedom, even in his man own country, whose prejudices in matters of religion and governement he had long lamented, and endeavoured (not without some success) to remove. He wel knew, and justly admired the happy constitution of this country, where fix’d and known laws equally restrain monarchy from tyranny, and liberty from licentiousness. His works will illustrate his name, and survive him, as long as right reason, moral obligation, and the true spirit of laws, shall be understood, respected and maintained. C’est-à-dire : Le 10 de février, est mort à Paris, universellement & sincérement regretté, Charles de Secondat, baron de Montesquieu, président à mortier au parlement de Bordeaux. Ses vertus ont fait honneur à la nature humaine ; ses écrits lui ont rendu & fait rendre justice. Ami de l’humanité, il en soutient avec force & avec vérité les droits indubitables & inaliénables. Il l’ose sur-tout dans son propre pays, dont les préjugés en matiere de religion & de gouvernement ont excité pendant longtemps ses gémissemens. Il entreprend de les détruire ; & ses efforts ont eu quelques succès. (Il faut se ressouvenir que c’est un Anglois qui parle.) Il connoissoit parfaitement bien, & admiroit avec justice, l’heureux gouvernement de ce pays, dont les loix, fixes & connues, sont un frein contre la monarchie qui tendroit à la tyrannie, & contre la liberté qui dégénéreroît en licence. Ses ouvrages rendront son nom celebre, & lui survivront aussi long-temps que la droite raison, les obligations morales, & le vrai esprit des loix, seront entendus, respectés & conservés. Note de M. d’Alembert