Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/98

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craigne ses prospérités ! Périssent enfin ces jalousies fatales qui rendent les hommes ennemis des hommes ! Que le sang humain, ce sang qui souille toujours la terre, soit épargné ! & que, pour parvenir à ce grand objet, ce ministre nécessaire au monde, ce ministre tel que le peuple François auroit pu le demander au ciel, ne cesse de donner ces conseils qui vont au cœur du prince, toujours prêt à faire le bien qu’on lui propose, ou à réparer le mal qu’il n’a point fait, & que le temps a produit !

LOUIS nous a fait voir que, comme les peuples sont soumis aux loix, les princes le sont à leur parole sacrée : que les grands rois, qui ne sçauroient être liés par une autre puissance, le sont invinciblement par les chaînes qu’ils se sont faites ; comme le dieu qu’ils représentent, qui est toujours indépendant & toujours fidele dans ses promesses.

Que de vertus nous présage une foi si religieusement gardée ! Ce sera le destin de la France, qu’après avoir été agitée sous les Valois, affermie sous HENRI, aggrandie sous son successeur, victorieuse ou indomptable sous LOUIS LE GRAND, elle sera entiérement heureuse sous le regne de celui qui ne sera point forcé à vaincre, & qui mettra toute sa gloire à gouverner.