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Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/188

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Les rois de la première race ôterent bien aux loix saliques & ripuaires ce qui ne pouvoit absolument s’accorder avec le christianisme : mais ils en laisserent tout le fonds[1]. C’est ce qu’on ne peut pas dire des loix des Wisigoths.

Les loix des Bourguignons, & sur-tout celles des Wisigoths, admirent les peines corporelles. Les loix saliques & ripuaires ne les reçurent pas[2] ; elles conserverent mieux leur caractere.

Les Bourguignons & les Wisigoths, dont les provinces étoient très-exposées, chercherent à se concilier les anciens habitans, & à leur donner des loix civiles les plus impartiales[3] : mais les rois Francs, sûrs de leur puissance, n’eurent pas ces égards[4].

Les Saxons, qui vivoient sous l’empire des Francs, eurent une humeur indomptable, & s’obstinerent à se révolter. On trouve, dans leurs loix[5], des duretés du vainqueur, qu’on ne voit point dans les autres codes des loix des Barbares.

On y voit l’esprit des loix des Germains dans les peines pécuniaires, & celui du vainqueur dans les peines afflictives.

Les crimes qu’ils font dans leur pays sont punis corporellement ; & on ne suit l’esprit des loix Germaniques que dans la punition de ceux qu’ils commettent hors de leur territoire.

On y déclare que, pour leurs crimes, ils n’auront jamais de paix ; & on leur refuse l’asyle des églises mêmes.

Les évêques eurent une autorité immense à la cour des rois Wisigoths ; les affaires les plus importantes étoient

  1. Voyez le prologue de la loi des Bavarois.
  2. On en trouve seulement quelques-unes dans le décret de Childebert.
  3. Voyez le prologue du code des Bourguignons, & le code même ; sur-tout le tit. 12, §. 5 ; & le tit. 38. Voyez aussi Gregoire de Tours, liv. II, chapire xxxiii ; & le code des Wisigoths.
  4. Voyez, ci-dessous, le chap. iii.
  5. Voyez le chap. ii. %. 8 & 9 ; & le chap. iv, §. 2 & 7.