Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/28

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Une main, sans doute immortelle, l’a partout orné de peintures qui semblent respirer. On y voit la naissance de Vénus, le ravissement des dieux qui la virent, son embarras de se voir toute nue, et cette pudeur qui est la première des grâces.

On y voit les amours de Mars et de la déesse. Le peintre a représenté le dieu sur son char, fier et même terrible : la Renommée vole autour de lui ; la Peur et la Mort marchent devant ses coursiers couverts d’écume ; il entre dans la mêlée, et une poussière épaisse commence à le dérober. D’un autre côté, on le voit couché languissamment sur un lit de roses ; il sourit à Vénus : vous ne le reconnaissez qu’à quelques traits divins qui restent encore. Les Plaisirs font des guirlandes dont ils lient les deux amans : leurs yeux semblent se confondre : ils soupirent ; et, attentifs l’un à l’autre, ils ne regardent pas les Amours qui se jouent autour d’eux.

Dans un appartement séparé, le peintre a représenté les noces de Vénus et de Vulcain. Toute la cour céleste y est assemblée. Le dieu paraît moins sombre, mais aussi pensif qu’à l’ordinaire. La déesse regarde d’un air froid la joie commune : elle lui donne négligemment une main qui semble se dérober ; elle retire de dessus lui