Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux cents talens. Candaule était venu lui-même, plus distingué par son amour que par la pourpre royale : il passait les jours et les nuits à dévorer de ses regards les charmes d’Oriane : ses yeux erraient sur son beau corps, et ses yeux ne se lassaient jamais. Hélas ! disait-il, je suis heureux ; mais c’est une chose qui n’est sue que de Vénus et de moi : mon bonheur serait plus grand s’il donnait de l’envie. Belle reine, quittez ces vains ornemens ; faites tomber cette toile importune ; montrez-vous à l’univers ; laissez le prix de la beauté, et demandez des autels.

Auprès de là étaient vingt Babyloniennes : elles avaient des robes de pourpre brodées d’or ; elles croyaient que leur luxe augmentait leur prix. Il y en avait qui portaient, pour preuve de leur beauté, les richesses qu’elle leur avait fait acquérir.

Plus loin, je vis cent femmes d’Égypte qui avaient les yeux et les cheveux noirs. Leurs maris étaient auprès d’elles, et ils disaient : Les lois nous soumettent à vous en l’honneur d’Isis ; mais votre beauté a sur nous un empire plus fort que celui des lois : nous vous obéissons avec le même plaisir que l’on obéit aux dieux ; nous sommes les plus heureux esclaves de l’univers.

Le devoir vous répond de notre fidélité : mais