Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/44

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l’air de Gnide, ils avaient senti redoubler leur affreuse mélancolie.

Les femmes de Cadix, qui sont aux extrémités de la terre, disputèrent aussi le prix. Il n’y a point de pays dans l’univers où une belle ne reçoive des hommages ; mais il n’y a que les plus grands hommages qui puissent apaiser l’ambition d’une belle.

Les filles de Gnide parurent ensuite. Belles sans ornemens, elles avaient des grâces au lieu de perles et de rubis. On ne voyait sur leur tête que les présens de Flore ; mais ils y étaient plus dignes des embrassemens de Zéphyre. Leur robe n’avait d’autre mérite que celui de marquer une taille charmante, et d’avoir été filée de leurs propres mains.

Parmi toutes ces beautés, on ne vit point la jeune Camille. Elle avait dit : Je ne veux point disputer le prix de la beauté ; il me suffit que mon cher Aristée me trouve belle.

Diane rendait ces jeux célèbres par sa présence. Elle n’y venait point disputer le prix ; car les déesses ne se comparent point aux mortelles. Je la vis seule : elle était belle comme Vénus ; je la vis auprès de Vénus : elle n’était plus que Diane.