Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/9

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Il était bien difficile d’être si doux sans fadeur, d’être si poli sans froideur, si soigné sans afféterie, si brillant sans affectation. La muse de Montesquieu a l’ingénieuse coquetterie de la bergère de Boileau. Sa parure éclipse les rubis et les diamans, et cependant ce ne sont que des fleurs.

La première impression que fasse éprouver la lecture du Temple de Gnide à ceux qui ne connaissent de Montesquieu que ses ouvrages sévères, c’est l’étonnement. L’aigle de Jupiter se nourrit de la même ambroisie que les colombes de Vénus, mais on le croirait étranger aux mystères de leur déesse.

Ce n’est cependant pas aux seules conceptions d’une philosophie sublime que Platon doit le surnom de divin. La Grèce idolâtrait aussi ses fables charmantes, ses spirituelles allégories, ses rêveries délicieuses. Il eut un génie familier comme son maître, et toutes les traditions attestent que ce génie était l’Amour.

Le culte de la beauté est bien loin d’être incompatible avec celui de la sagesse. Chez les