Là-dessus nous nous séparâmes jusques au lendemain.
LETTRE CXXXVII.
e lendemain, il me mena dans un autre cabinet. Ce sont ici les poëtes, me dit-il ; c’est-à-dire ces auteurs dont le métier est de mettre des entraves au bon sens, et d’accabler la raison sous les agréments comme on ensevelissoit autrefois les femmes sous leurs ornements et leurs ornements. Vous les connoissez ; ils ne sont pas rares chez les Orientaux, où le soleil plus ardent semble échauffer les imaginations mêmes.
Voilà les poèmes épiques. Hé ! qu’est-ce que les poëmes épiques ? En vérité, me dit-il, je n’en sais rien ; les connaisseurs disent qu’on n’en a jamais fait que deux, et que les autres qu’on donne sous ce nom ne le sont point : c’est aussi ce que je ne sais pas. Ils disent de plus qu’il est impossible d’en faire de nouveaux ; et cela est encore plus surprenant.
Voici les poëtes dramatiques, qui, selon moi, sont les poëtes par excellence, et les maîtres des passions. Il y en a de deux sortes : les comiques, qui nous remuent si doucement ; et les tragiques, qui nous troublent et nous agitent avec tant de violence.